LA NOTION DE RACE
Comment la notion de race prônée par Hitler a-t-elle été réfutée suite à la Seconde Guerre Mondiale ?
LA RÉFUTATION PAR LA GÉNÉTIQUE
Dans les années 1960, les chercheurs ne disposaient pas d'indice, mis à part les groupes sanguins, pour prouver qu'il n'y avait aucune race identifiable dans l'espèce humaine. La parution de la première séquence de l'ADN humain a ainsi suscité de nombreuses questions sur l'existence ou non des races. En caricaturant: "nous sommes tous identiques à 99,9% donc les races n'existent pas". Mais l'affirmation est trop facile, car il existe quand même 0,1% de divergence, ce qui représente un écart de trois millions de bases entre deux individus. Reprenons depuis le début :
Une espèce
Ensemble d'individus animaux ou végétaux, vivants ou fossiles, à la fois semblables par leurs formes adultes et embryonnaires et par leur génotype, vivant au contact les uns des autres, s'accouplant exclusivement les uns aux autres et demeurant indéfiniment féconds entre eux.

FRANCIS HARRY COMPTON CRICK
1916 - 2004
Britannique
Physicien, biologiste
1953 : Découverte de la structure de l'ADN
1962 : Prix Nobel de la physiologie ou médecine

JAMES DEWEY WATSON
1928 - aujourd'hui
Américain
Géneticien, biologiste
1953 : Découverte de la structure de l'ADN
1962 : Prix Nobel de physiologie ou médecine
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Découverte de l’Acide DésoxyriboNucléique (ADN):
En 1953, James Watson et Francis Crick ont découvert la structure de l'ADN. L'ADN ou Acide DésoxyriboNucléique est un composant des chromosomes, eux-même contenus dans chaque noyau de nos cellules. Cet ADN est composé de deux brins enroulés l'un autour de l'autre, en formant une double hélice. Chaque brin se compose de nucléotides, comprenant une base phosphate, un sucre (le désoxyribose) et une base azotée. Il existe quatre bases azotées : l'Adénine A, la Thymine T, la Cytosine C et la Guanine G, qui s'associent par paire dans la double hélice : Adénine avec Thymine et Cytosine avec Guanine. C'est, cette succession de nucléotides qui constitue notre patrimoine génétique.
Après cette découverte, l'analyse de notre ADN n'a pu être effectuée qu'en 1975 car les moyens techniques n'étaient pas assez évolués, et c'est en 2003 que notre génome a pu être intégralement lu pour en établir une séquenciation complète.


Images de la structure en double hélice de l'ADN, découverte en 1953, par James Watson et Francis Crick. Cette découverte, leur a valu le Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1962.

Organisation des nucléotides dans l'ADN, des paires d'Adénine A avec la Thynine T, et les paires de Cytosine C avec la Guanine G.
Composition d'un nucléotide : du posphate, du désoxirybose et une base azoté (A,T,C ou G).

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L' ADN mitochondrial :
Les mitochondries sont des organites présents dans la grande majorité des cellules eucaryotes et qui produisent l'énergie cellulaire.
Au cours de l'évolution, les mitochondries ont conservé leur propre génome. La transmission de ce génome est généralement dite non mendélienne (transmission héréditaire) car, dans la plupart des cas, il est transmis par la mère. Des études, du début des années 2000, ont montré que toutes les mitochondries humaines auraient une origine africaine commune datée d'environ moins 150 000 ans.
L'analyse des ADN mitochondriaux dans l'ADN d'une personne permet donc d'obtenir des informations sur son ascendance maternelle et paternelle. C'est un outil assez accessible sur le plan technique, cependant, il ne faut pas oublier que les informations ainsi fournies sont limitées à une fraction minoritaire du génome.

Représentation de l'ADN mitochondrial dans une cellule humaine.
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Le polymorphisme
Le polymorphisme correspond aux variations de la séquence nucléotidique de l'ADN d'un gène dans une population. C'est, grâce au polymorphisme, que, la notion de race a en partie été réfutée. Les marqueurs polymorphes sont rarement des gènes, mais tous se transmettent entre générations comme des gènes. Ces variations de l'ADN entre les personnes humaines constituent la base des études génétiques récentes et se présentent sous différentes formes.
Les minisatellites, microsatellites et STR correspondent à differents genres de polymorphisme. Ils ont été choisis pour leur facilité d'étude, en effet, ils ont permis, de commencer à mesurer la diversité génétique.
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Les minisatellites : des zones hypervariables de l'ADN constituées d'un motif de séquence long d'une dizaine de bases répété de dix à cent fois à la suite. Leur variabilité se situe au niveau du nombre de répetitions. Par exemple, chez une personne un minisatellite localisé en un point précis d'un chromosome comportera 23 répetitions, alors qu'une autre personne aura 19 répétitions situées au même endroit.
C'est la principale raison du polymorphisme observé au sein de l'espèce humaine.
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Les microsatellites et les STR (Short Tandem Repit) : ce sont des minisatellites en miniatures, c'est à dire que leurs motifs sont plus court (environ 2 bases pour les microsatellites et 4 pour les STR) et sont répétés dix fois pour les microsatellites et entre six à quinze fois pour les STR.
Les microsatellites ont permis d'aborder l'analyse de la diversité humaine, sur l'ensemble de notre patrimoine génétique, mais ils sont maintenant remplacés par les SNP.
Les SNP et leur étude :
Une seule base variante est appelée SNP (pour Single Nucleotide Polymorphism), prononcés Snips. Un seul nucléotide, le composant de base de l'ADN, est modifié. Les SNP sont très courants, puisqu'entre deux personnes prises au hasard, nous retrouvons en moyenne 3 millions de SNP différents.

Un exemple de SNP entre une personne 1 et une personne 2.
On peut remarquer que la personne 1 a une base CG (Cytosine, Guanine) tandis que la personne 2 a une base TA (Thymine, Adénine).
Dans la plupart des cas, la nature de l'allèle présent pour un SNP n'a aucune influence sur l'aspect ou la physiologie de la personne qui le porte dans son ADN. Des techniques récentes (les puces à ADN opérationnelles depuis 2004 seulement) permettent d'analyser rapidement plusieurs milliers de SNP et d'évaluer en détails la diversité génétique de centaines de personnes. L'analyse des formes de SNP trouvées chez une personne peut indiquer son ascendance, cependant un groupe d'ascendance n'est pas une race, les frontières du groupe sont floues et sa diversité interne est très grande.
Si les tenants de l'idée de race avaient raison et que leur vision d'une humanité divisée en groupes distincts par leur biologie et leur hérédité était une réalité au niveau de l'ADN, on devrait trouver en abondance des allèles caractéristiques et spécifiques à chaque population. En quelque sorte, les SNP seraient les mêmes chez toutes les personnes d'une population. Si les "SNP raciaux" étaient fréquents on pourrait alors considérer que la notion de race a une signification biologique. De plus, la variabilité génétique serait plus faible au sein de chaque race par rapport à celle qui les sépare d'une autre.
En d'autres termes, il est donc possible grâce à ces différentes techniques d'analyses d'identifier des ensembles humains (familles, ethnies, ...) et de repérer l'appartenance d'une personne à un ou plusieurs de ces ensembles. Mais la diversité génétique au sein de chacun de ces groupes est aussi élevée que celle observée entre deux groupes plus éloignés. On a constaté par exemple qu'il existait autant de variations entre deux Vaudois d'un même village qu'entre un Blanc et un Noir. Cette découverte a contribué à annuler d'un point de vue scientifique (génétique), les théories racistes qui affirment la supériorité d'une race sur une autre. Ce qui signifie qu'il n'existe pas de races ou alors, il y a sur terre, plus de 7 milliards de races différentes.